Galerie
// Les complexes
J'ai voulu par cette série de portraits mettre en avant l’acceptation de ce qui peut constituer nos différences individuelles et surtout la réponse apportée par la confiance en soi. Les complexes féminins, propres à chacune d’entre nous, sont vecteurs de mal-être physique et social. Nous avons l’impression qu’ils nous définissent et que le reste du monde ne voit qu’eux, alors même que la plupart des gens n’y prêtent pas attention. En photographiant et en écoutant six jeunes femmes, j'ai choisi de souligner la cause de leur malaise, de manière l'exacerber, à l'étaler sur la place publique. D’une faiblesse qu’il faudrait cacher à tout prix, elles tirent, sinon une fierté, une force telle que le spectateur ne puisse plus rien voir d’autre.
// GOTHS
Avec «Goths», je cherche à croiser démarche anthropologique et photo de mode. Refusant de réduire les modèles à de simples porte-manteaux interchangeables, j’ai choisi de faire des portraits de jeunes femmes gothiques. Je revendique une photographie de mode réaliste avec de vraies personnes prônant une culture, une façon de s’habiller et ainsi une identité propre.
Côtoyant moi-même cette communauté, je cherche à la mettre en lumière et à créer un face-à-face avec le public. Ayant un attrait particulier pour le champ des arts appliqués, j'ai voulu mener cette étude en travaillant mes photos comme des illustrations. Si dans cette série le noir domine, les matières et formes sont multiples.
Je rends leur personnalité aux «posants» en m'éloignant de la face documentaire de l’anthropologie. Pour cela, je laisse les modèles s’échapper littéralement du cadre et par suite de la procédure de ces poses d’études scientifiques. A travers ce projet, je souhaite laisser une trace de l’évolution de cette culture dans le temps.
// Charlotte Cazenave
(Photo promotion 2019)
Détournement 2019
J’explore ici un monde décalé, où l’humain détourne la fonction principale d’objets banals auxquels il ne fait d'ordinaire pas attention.
À première vue, le sujet est comique et joyeux, comme en témoignent l’arrière-plan coloré et l’incongruité des scènes. Avec ses quatre personnages pris chacun en deux situations, la série aborde en réalité les notions de manque, de mensonge et de faux-semblant : le jeune homme n’a pas de chien mais, tenu en laisse, son fer à repasser tient lieu de compagnon obéissant et fidèle. Se met en place un jeu pervers entre l'illusion et la désillusion, dans lequel ces personnes peuvent nous faire rire comme susciter notre compassion. N'entend-on pas dire que « L’humour est la politesse du désespoir » ?
Ce projet fait aussi réfléchir à la place prise par les objets dans la vie des hommes, à l’aliénation pour les biens matériels. Ici l’humain a l’air d’être manipulé, comme un Playmobil. Privé de sa liberté de mouvement, il s'intègre à une société qui n'est que son carcan.
// DARIA NELSON, DIX FOIS SOI
Entrer dans le travail de Daria Nelson implique une certaine retenue, cette forme de politesse qui répond à une invitation faite pour l'intimité d'un après-midi. Ces dix triptyques qu'on imaginerait renvoyés par trois miroirs articulés d'une complexe psyché se maintiennent dans un endroit indéfini, intermédiaire entre l'alcôve et le salon, tel qu'il accueillerait la société hédoniste de la vieille Europe, retrouvée dans cette littérature romanesque des années 1930 inspirée par le désir de se libérer du pesant héritage des pudeurs, sur le divan du psychanalyste ou à travers l'objectif du photographe. Partagés entre les états d'âme, les moments érotiques et les parures de séduction, ces dix essais réalisés avec elle-même pour unique modèle construisent le musée imaginaire de Daria Nelson où l'on verrait bien se croiser Frantisek Drtikol et le Docteur Freud, Georges Bataille et Helmut Newton, pour, au bout du compte, constituer une anthologie à la fois secrète et provocatrice de la féminité.
// Espace Niemeyer
Si Laura Cohen aime tant l'architecture monumentale, c'est pour mieux la plier à ses propres constructions mentales, drôles ou sublimes. C'est pourquoi son nageur trouvait, un demi-siècle plus tard, une place toute à fait légitime sous la voûte grandiose de l’Espace Niemeyer commandité en 1971 par le Parti Communiste français pour y installer son siège. Aussi vide qu'une piscine abandonnée, la salle du congrès se prête, absurde et magnifique, aux évolutions de l'athlète, et pourquoi pas, à sa lecture du Canard enchaîné.
www.lauracohen.photo
// Melissa Le Garrec
Pour illustrer un discours de prévention contre les dérives qui découlent trop souvent des rassemblements de la jeunesse, Mélissa Le Garrec s'est immergée dans les fêtes nocturnes, au plus près des garçons et des filles à la recherche de l'évasion par la musique et la danse. Par un traitement monochrome variant du bleu au gris, elle livre une atmosphère ludique et trouble, singulièrement sensible.
// Petits frères des Pauvres
Sans cacher l'influence de maîtres africains nommés Seydou Keïta et Malick Sidibé, Jeanne Le Louarn a développé un protocole convivial pour photographier à son tour et en couleur des personnes accueillies par l'association des Petits frères des pauvres, sur le protocole participatif d'un fond de décor choisi par ses modèles. Sa galerie de portraits rend à ses modèles la dignité que leur existence avait pu mettre à mal.
// Lucille Contopoulos
Dessiner ses images, photographier le réel, Lucile Contopoulos mélange le tout pour plonger la mode dans l'univers de la BD ou pour passer du terne quotidien à un bonheur où les habitudes deviennent liberté, où s'oublient la pesanteur et les horaires. Et quand elle ne dessine pas, Lucile réinvente la nature morte pour monter des petites fêtes plus vivantes que nature, avec des choses parfois comestibles : le travail qui se construit sur les deux registres du chic et de l'humour installe une même vision du monde, comme un subtil défi poétique.
www.lucilecontopoulos.com
// Renaissance du Désir
De ses études d'histoire de la peinture ancienne, classique ou baroque, Yaoqin Wang a conservé le goût des atmosphères rares et des figures hiératiques qu'elle a convoquées dans sa série "Renaissance du Désir". Jouant sur les mots comme avec les nuances, elle propose un travail original sur le portrait et sur la mode, où l'élégance, si elle reste agréable à l'œil, sait aussi déranger le regard.
// Major de Promotion Photo 3ème année
Les diverses directions empruntées par Veronica Nesci se rejoignent dans une même interrogation sur le mystère de la frontière qui sépare la vie de la mort. C'est ce qui apparaît dans sa série "Forme sensible", de fragiles silhouettes de femmes scarifiées à même l'image, mais aussi dans sa séquence "Human and nature" dans laquelle la beauté fabriquée, dominée par les codes et le style, dialogue avec les éléments, comme une alternative allégorique au poignant reportage sur les suites du séisme qui a ravagé en Italie la haute vallée du Tronto, le 21 août 2016.
Véronica Nesci - Major de Promotion Photo 3ème année